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Les actionnaires méritent-ils leurs dividendes ?
03/01/2023

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Les actionnaires méritent-ils leurs dividendes ?

Très souvent les adversaires du capitalisme posent la questions « Les actionnaires méritent-ils leurs dividendes ? » et y répondent par la négative. Voici quelques éléments de réflexion.

« Les actionnaires méritent-ils leurs dividendes ? »
par Pascal Quiry

Très souvent les adversaires du capitalisme posent la questions « Les actionnaires méritent-ils leurs dividendes ? » et y répondent par la négative. Voici quelques éléments de réflexion.

Les conséquences du versement de dividendes pour l’entreprise

Une entreprise qui verse un dividende se prive d’un actif, la partie de sa trésorerie qu’elle verse en dividende. Si elle le fait, c’est qu’elle estime en avoir les moyens. Car personne, y compris parmi les actionnaires et les dirigeants, ne va volontairement au-devant des difficultés. 

Aussi, lors du versement du dividende, la valeur de l’entreprise et donc de son action baissent exactement du montant du dividende versé. Et c’est normal, car elle a alors moins d’actifs. Prenons un exemple : vous avez une action qui cote 20 € et qui verse un dividende de 0,6 €. Après versement du dividende, au lieu d’avoir une action qui vaut 20 € et 0,6 € sur votre compte en banque, vous avez une action qui vaut 19,4 € et 0,6 € de liquidités. Il ne s’agit pas seulement de théorie, mais de la simple constatation des faits, que savent les centaines de millions d’actionnaires dans le monde. Le versement d’un dividende n’enrichit pas l’actionnaire, il modifie simplement la composition de ses actifs, en en transformant une petite partie en liquidités.

Les dividendes n’enrichissent pas les actionnaires

Le parallèle souvent fait entre le dividende-rémunération de l’actionnaire, et le salaire-rémunération du salarié, est donc faux. En effet, quand nous percevons notre salaire, notre compte en banque s’accroît de son montant. C’est ce qui nous permet de faire face aux inévitables dépenses de la vie courante, voire mettre de l’agent de côté. Mais nulle part, nous enregistrons une baisse de notre patrimoine du fait du versement du salaire. C’est pourtant ce qui arrive à l’actionnaire.

Aussi cette analogie trompeuse avec le salaire doit être abandonnée au profit d’une autre : celle du retrait d’argent à un distributeur de billets. Bien sûr, nous savons tous que retirer de l’argent à un distributeur de billets ne nous enrichit pas. Nous avons simplement moins d’argent sur notre compte en banque, et plus dans notre poche. C’est la même chose pour l’actionnaire qui reçoit un dividende : la valeur de ses actions a baissé exactement du montant des liquidités reçues en dividendes.

Poser la question de savoir si les actionnaires méritent leurs dividendes revient à se demander si nous méritons les billets qui sortent du distributeur. 

Poser la question de savoir si les actionnaires méritent leurs dividendes est comme se demander si nous méritons les billets qui sortent du distributeur. 

Illustration avec LVMH et Livret A

Une autre façon de comprendre que le dividende n’est pas la rémunération de l’actionnaire, comme le salaire est celle du salarié, est de regarder combien le dividende représente en pourcentage de la valeur de l’action. Prenons l’exemple de LVMH, la plus importante société européenne par sa valeur. Sur LVMH (Louis Vuitton, Dior, Hennessy, etc.), le dividende annuel est de 10 € pour une action qui vaut 700 €. Ce qui fait un taux d’intérêt de 1,4 %, alors que le Livret A rapporte du 2 %. Si le dividende était la rémunération de l’actionnaire, celui-ci serait bien sot de garder ses actions LVMH pour ne pas placer sur le Livret A et gagner du 2 % au lieu du 1,4 %. Et ce pour un risque bien moindre puisque les sommes sur le Livret A ne baissent jamais, contrairement aux cours de bourse.

 

Le dividende n’est donc pas le bon angle d’attaque du capitalisme.